Les océans sont de plus en plus le dépotoir du monde. Les déchets en plastique nous survivront pendant des centaines d’années. Un sujet d’inquiétude pour l’ONU, qui a créé la Journée mondiale de l’océan, célébrée le 8 juin.

On appelle souvent la terre la «planète bleue»: septante pour cent de sa surface est recouverte d’eau. Ce qui en fait un corps céleste unique dans l’univers. Mais peut-être va-t-on bientôt devoir l’appeler la «planète plastique».

Plus de 8 millions de tonnes de plastique rejoignent tous les ans les océans – soit l’équivalent d’un camion de déchets toutes les minutes. Comme le révèle une étude du Forum économique mondial, à ce rythme, le poids du plastique dépassera en 2050 celui des poissons dans les océans. On y découvre aussi que, depuis les années 1950, quand les progrès scientifiques ont permis une augmentation massive de la fabrication de plastiques, plus de 150 tonnes de plastique se sont accumulés dans les océans. Un bon cinquième de ces déchets provient des bateaux, le reste étant acheminé de la terre vers la mer.

Problème: si une vie aussi longue que possible est avant tout une bénédiction pour l’homme, la longévité croissante des déchets devient un véritable fléau. Car les plastiques se décomposent extrêmement lentement, voire pas du tout. Une partie de ceux qui se déversent aujourd’hui dans la mer s’y trouvera encore dans des centaines d’années. Ce sac en plastique fin que nous n’utilisons qu’une vingtaine de minutes pour transporter nos courses, mettra par exemple entre 10 et 20 ans à se décomposer. Et comme le montre le graphique qui suit, le processus de décomposition durera même 450 ans pour une bouteille en plastique.

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Les déchets en plastique tuent tous les ans environ un million d’oiseaux de mer et 100 000 poissons, mammifères marins et tortues, estiment les Nations unies, qui ont fait du 8 juin la Journée mondiale de l’océan. Les animaux sont pris au piège dans les déchets ou confondent des bouts de plastique colorés avec de la nourriture. «Des morceaux restent parfois bloqués dans leur gorge ou dans leur système digestif, les empêchant de respirer et de s’alimenter», prévient le WWF. Baleines, dauphins et autres mammifères marins peuvent s’emmêler dans de vieux filets de pêche et se noyer dans d’atroces souffrances. Sans compter que de minuscules particules de plastique pénètrent également dans le corps humain via notre chaîne alimentaire.

Tel est le côté sombre d’un matériau qui a changé et simplifié nos vies comme aucun autre ne l’avait fait auparavant. Impossible d’imaginer une société moderne sans plastique – qui nous survivra pendant des centaines d’années. 

La pollution des mers est également l’un des thèmes abordés par le photographe Fabrice Monteiro. La photo ci-dessus est extraite du projet «The Prophecy», qu’il a réalisé en collaboration avec le styliste sénégalais Jah Gal Doulsy. La série de photos apocalyptiques financée par la plateforme de crowdfunding Ecofund évoque la dégradation de l’environnement en Afrique. «Avant, l’Afrique était très propre», affirme le photographe Fabrice Monteiro, né en Belgique et qui a grandi au Bénin, en Afrique de l’Ouest. «Maintenant, certains jours, tu ne peux même plus aller dans l’eau tellement c’est sale».

La photo a été mise en scène dans la baie de Hann à Dakar, la capitale sénégalaise. Ce qui fut autrefois l’une des plus belles plages d’Afrique de l’Ouest est aujourd’hui un lieu cauchemardesque. Les abattoirs tout proches déversent leurs déchets dans la mer et des lambeaux de sacs plastique pendent comme des feuilles noires dans les broussailles. Monteiro et Doulsy – ce dernier ayant conçu le costume en déchets – font émerger un être mutant de la mer polluée, comme un présage pour l’humanité. «Je voulais créer des images qui remettent nos habitudes de consommation en question», déclare le photographe. «Mon but est d’éveiller, dans la génération montante, une conscience écologique par un mélange d’art, de culture et de tradition».

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